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Si l’islam est ancien sur le sol malien où il fit son apparition probablement dès le VIIème siècle de l’ère chrétienne, son expansion exponentielle dans le pays à partir du XIXème siècle fut cependant, comme nous le verrons, l’œuvre des maîtres soufis. Le soufisme fut donc le véritable vecteur de l’islam au Mali.

De son vivant, le prophète Muhammad a dispensé à certains de ses Compagnons un enseignement ésotérique. Ce qu'il disait au premier bédouin venu l'interroger sur l'islam n'avait aucune commune mesure avec les paroles qu'il tenait à Abû Bakr, par exemple. Il échangeait avec lui des propos allusifs qui restaient incompréhensibles pour les autres Compagnons. Les « Gens de la Banquette » (ahl al-suffa), qui vivaient dans la mosquée du Prophète et se consacraient aux dévotions, ont également bénéficié d'un enseignement particulier. Le Prophète répétait souvent qu'il faut adapter son discours à son interlocuteur et que toute vérité n'est pas bonne à dire. Le Compagnon Abû Hurayra fit cet aveu : « J'ai retenu de l'Envoyé de Dieu (Muhammad) deux vases de science. J'ai diffusé l'un ; si j'en avais fait autant du second, on m'aurait coupé la gorge ». Il faut donc distinguer entre la face exotérique du Prophète,« envoyé » à l'ensemble des créatures et ayant pris une apparence humaine abordable par tous, et sa face ésotérique, tournée vers Dieu, toute de sainteté. En ce sens, les différents cheikhs soufis ont tous conscience de puiser leur influx spirituel (baraka) chez le Prophète ; ils ne font que le représenter dans cette humanité post-prophétique. Un auteur mystique a comparé les maîtres soufis à autant de lunes, qui réfléchissent sur terre la lumière du soleil qu'est le Prophète.

Les animaux vivaient tous dans la crainte du lion. Les grandes forêts et les vastes prairies leur paraissaient comme trop petites. Ils se concertèrent et allèrent rendre visite au lion. Ils lui dirent : << Cesse de nous pourchasser. Chaque jour, l’un de nous se sacrifiera pour devenir ta nourriture. Ainsi, l’herbe que nous mangeons et l’eau que nous buvons n’auront plus cette amertume que nous leur trouvons. >> Le lion répondit : << Si ceci n’est pas une ruse de votre part et si vous tenez cette promesse, alors ceci me convient parfaitement.

L'amitié

mars 30, 2021

Pour se référer à Dieu, les soufis parlent de l'Ami (dust). Ceci est basé sur le verset coranique « yuhibbuhum wa yuhibbuhunah» (Dieu les aime et ils l'aiment, 05:54), que les soufis interprètent en disant que c’est l’amour de Dieu envers nous qui suscite notre amour pour Lui.
Fakhruddin Iraqi, soufi persan du 13e siècle, définit l'amitié avec Dieu comme étant une relation où l'amour de Dieu précède l’amour du voyageur envers Dieu. Autrement dit, Dieu est l'Ami, car Il a inculqué en nous l'expérience de l'amour et de l’amour bonté. On peut interpréter cela d'un point de vue soufi en disant qu’un ami est quelqu'un qui nous amène à expérimenter l’amour et la gentillesse. Mais il y a une raison encore plus profonde pour faire référence à Dieu comme étant l’Ami. C’est, je crois, pour mettre en évidence qu’à travers l’acte d’amitié nous pouvons faire l’expérience de l’unité. J'entends par là l'expérience par laquelle nous ne nous «voyons» plus comme étant distinct des autres. Cette perte progressive de concentration sur soi-même peut commencer par l'empathie pour les autres, puis se transformer en un sentiment d'identification aux autres et aboutir parfois à l'expérience de l'unité, unité dans laquelle on n'est plus conscient de la séparation entre soi et les autres personnes. Muhammad Shirin Maghribi, soufi persan du 14e siècle, a écrit le poème suivant à propos d'une telle expérience:

EL Hadj Baba NDIONGUE de Podor avait bien pesé et soupesé ses mots lorsqu'il a demandé au Cheikh : " où est le Calife ? Le Calife est {vraiment} le Calife ".

Il était le Calife parce qu'il était le successeur naturel et l’héritier choisi de Maodo et cet ultime titre lui revenait moralement et spirituellement de droit. En effet, il incarnait son père dans sa droiture, dans ses principes de conformité avec les préceptes sacrés qui régissent nos liens infalsifiables avec l’Éternel. Il avait pris en main le destin de la Voie tracée par Sidi Ahmed Tidiani dont Malick était le continuateur agrémenté et assermenté avec de larges prérogatives. La famille de Maodo n'a pas subi le vide que pouvait occasionner sa disparition parce que le Calife assumait pleinement la continuité de la responsabilité paternelle en dépit des combats rudes auxquels il devait faire face pour que le précieux héritage ne soit pas à la merci d’influenceurs bien affûtés.

Evoquer des questions de mémoire et de legs en ces circonstances douloureuses pour notre pays peut paraitre inapproprié voire paradoxal pour une nation qui porte ensemble, le deuil de toute une jeunesse lourdement frappée par le désespoir, abimée par l’extrême précarité et dont les échos les plus retentissants sont sans doute les récentes et violentes émeutes qui ont bousculés notre paix sociale et secoué les sphères décisionnelles de notre Etat.  

Au Nom d’Allah le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux,

Mon Dieu ! Accorde ta bénédiction à notre Seigneur Mohammed (ﷺ) qui a ouvert ce qui était clos, qui a clos ce qui a précédé, le Défenseur de la Vérité par la Vérité, le Guide du droit chemin, ainsi qu’à sa famille suivant sa valeur et l’estimation de son ultime dignité.

La nourriture
L’idéal serait évidemment de ne pas manger du tout. La littérature soufie abonde d’ailleurs d’anecdotes hagiographiques mettant en scène des saints capables de jeûner quarante jours ou de s’abstenir de manger pendant des années ou encore de se nourrir de terre ! Ce n’est cependant pas le lot du commun des mortels. Aussi certains auteurs vont-ils s’efforcer de justifier la prise de nourriture.

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