Il fut l’un des cinq premiers lieutenants de Maodo. Abdel Hamid Kane, de son vrai nom, détenait, avant sa rencontre avec le Guide, un savoir théologique, rarement égalé à cette époque ; il figurait parmi les personnalités du Gandiole (Saint-Louis) grâce à une science reconnue et acquise au bout d’un long périple à travers le Sénégal et dans la sous-région.
Descendant de Thierno Samba Abdou Kane dit Aleem Samba, remarquable personnalité et disciple d’Al Futiyu Tall, Cheikh Hamid Kane n’en fut pas moins un éminent chercheur, toujours en quête de quelque savoir. Il finit par croiser le chemin d’un autre érudit de sa génération, Maodo Malick à qui il donne tout sur la voie de la Tidjania. Ayant d’abord reçu les Lidjazas du guide Tijane de la Mauritanie, Ahmed Soukharedj, il fut, dès lors, inséparable de l’égérie de Tivaoune. Il en faisait, désormais, son wassila (modèle et guide). Il travailla ensuite beaucoup à répandre les enseignements de Maodo à travers tout le Sénégal plus particulièrement à Kaolack ou sa mission eut un grand succès.
Intronisé Cheikh dans le Saloum, en plus d’autres responsabilités sous l’administration coloniale, son engagement envers Tivaoune lui valut, toutefois, quelques inquiétudes en 1910 et c’est alors qu’il fut interdit d’activités religieuses, entre édification de mosquées et initiation au Wird Tidjiane. Une épreuve qu’il prit avec beaucoup de sagesse et de hauteur et qu’il arriva à résoudre grâce aux litanies du Cheikh auprès de qui il est allé se plaindre.
Plus tard, quand tout était revenu en ordre, Cheikh Hamid Kane gagnait de plus en plus la confiance de Maodo. A force de loyauté et d’investissement, le guide de Kaolack avait fini par atteindre les sommités d’érudition et par être reconnu parmi les plus illustres de la Tarikha à travers le Sénégal. Ayant en tout un rôle de conseiller et d’ambassadeur auprès de Maodo, il fut dépêché à la Mecque par le guide, lors de la guerre 1914-1918, pour prier Allah et se recueillir sur la tombe du Prophète au nom de toute la communauté.
En 1922, peu avant le départ du guide, il reçut de lui la dernière recommandation qui voulait qu’il aille le représenter lors de l’édification de la grande mosquée de Paris. A son retour, son wassila et grand ami n’était plus là mais Cheikh Hamid Kane n’en demeura pas moins un digne héritier qui gardait sa ligne directrice jusqu’à sa disparition en 1932 lorsqu’il fut remplacé par son fils et premier Khalife, Hadji Utmane Kane. A Leona, son héritage est toujours aussi symbolique.