Bourdatoul Madih Jour 1
CHAPITRE 1
I – LA MALADIE D’AMOUR
1 – Est-ce au souvenir de tes voisins de Salam que ruissellent de tes prunelles des larmes et du sang ?
2 – Ou alors, un vent soufflant du coté de Kadchima au moment où la fulgurance d’un éclair fendait les ténèbres du côté d’Idam ?
3 – Mais qu’arrive-t-il donc à tes yeux pour qu’elles versent tant de larmes alors que tu leur enjoins de s’en abstenir ? Et à ton cœur trépidant quand tu lui commandes de s’apaiser ?
4 – L’amoureux croit-il, en vérité, pouvoir dissimuler sa passion ?
5 – N’eut été l’amour, tu ne répandrais point de larmes sur des vestiges d’un campement ? Le souvenir d’Al Bân et d’Al A’lam ne te priverait point de sommeil quand ses larmes et sa flamme intérieure le trahissent
6 – Comment peux-tu nier une passion dont attestent tes larmes et ton mal en tant que témoins oculaires ?
7 – Quand les pleurs que tu répands et la maigreur dont tu fais montre impriment sur tes joues la pâleur du narcisse et le rose de l’Anam
8 – En effet, le profil de l’être aimé m’est apparu de nuit et m’a tenu éveillé. L’amour, par la souffrance qu’il engendre, transmue une Joie en douleur
9 – Toi qui me reproche un amour aussi intense, sois raisonnable ! Si tu étais juste, tu ne ferais point de reproches
10 – Puisses-tu, par contagion, attraper ma maladie. Mon secret n’est plus un mystère pour mes détracteurs et mon mal n’est pas guérissable
11 – Tu me donnes de bons conseils, mais je ne puis t’écouter, l’amoureux étant sourd aux remontrances
12 – De mes cheveux blancs je récuse la réprobation, alors qu’ils en sont éloignés.
Bourdatoul Madih Jour 2
CHAPITRE 2
II – LES EXCES DE L’AME
13 – Mon âme qui m’exhorte au mal n’est guère informée, vu son ignorance de l’avertissement des cheveux blancs signe de l’âge
14 – Elle n’a pas envisagé de faire de bonnes actions en l’honneur de ces hôtes peu discrets de ma tête
15 – Si je savais que je serai obligé de leur réserver cet accueil forcé, j’aurais caché avec du Katam mon secret qu’ils ont dévoilé
16 – Qui donc peut m’aider à ramener mon âme à la raison, tout comme on réfrènerait avec la bride, l’ardeur du cheval ?
17 – Ne cherches pas à satisfaire son appétit par ses de mauvaises actions car, en vérité, chez le gourmand l’appétit vient en mangeant
18 – L’âme est comme un enfant : si tu ne l’arrêtes pas il continue dans la tétée, si tu le sèvres, il y renonce
19 – Détourne-toi de l’excès, évite son attrait. En réalité, tout ce qu’il colonise est voué à la catastrophe ou à la déchéance
20 – Surveille ton âme avant qu’elle n’accomplisse un forfait, comme tu écarterais une brebis d’un pâturage tentant
21 – Souvent, elle présente comme très belle, une joie qui en fait est un malheur pour l’homme qui ignore qu’un mets délicieux peut cacher du poison
22 – Evite les pièges de la faim, tout comme ceux de la satiété, car souvent, l’indigence est aussi dangereuse que l’abondance
23 – Sèches tes larmes de ton œil repu de vilains spectacles, et saisis-toi de l’arme du repentir
24 – Repousse les suggestions de l’âme et du démon. Désobéis-leur et même s’ils te font une bonne suggestion, abstiens-t-en
25 – Ne les écoute pas, qu’ils soient tes adversaires ou tes juges, car tu connais les ruses de l’adversaires et celles du juge
26 – Je prie Dieu de me pardonner la parole non accompagnée d’une action. Cela revient à reconnaître à l’homme stérile une descendance