Le Congrès du PSS les 7, 8 et mai 1959

Le congrès du parti PSS organisé les 7, 8 et 9 mai 1959 à Kaolack est l'occasion d'apporter des réponses aux questions que les gens se posent sur ce nouveau parti, mais aussi sur les accusations portées par les autres partis politiques du pays. Dans son discours d'ouverture, le directeur politique Ibrahima Seydou Ndaw définit le rôle que doit jouer le PSS: mener « une opposition constructive et vigoureuse », mobiliser tous les Sénégalais contre les « procédés dictatoriaux » du gouvernement et « barrer la route au fascisme ». Il demande aux congressistes d'élaborer un programme du parti qui doit tenir compte des réalités de la conjoncture politique, économique et sociale et d'éviter d'être entrainés dans des « théories fictives ». Pour ce qui est de l’orientation du parti, il s'en remet à la sagesse et au sens pratique des militants, non sans leur rappeler qu’ils vivent dans un monde d'interdépendance, que l'isolement serait une condamnation à mort, une entrave à tout épanouissement Il ajoute que du fait que la démocratie et la liberté sont menacées dans le pays et « face à un parti et à un gouvernement dont la propension à l'irrégularité et à la dictature » ne fait aucun doute, les seules garanties dont disposent les militants sont leur courage et leur esprit de sacrifice.

La Résolution de politique générale adoptée par le congrès reprend certaines idées du Manifeste de février, condamne les pratiques de l'UPS et son accession au pouvoir par un « coup d’état », affirme sa fidélité à I ‘islam, à ses principes fondamentaux et à ses institutions et évoque le caractère sacré, inaliénable et imprescriptible de I ‘indépendance des peuples. La Résolution opte pour l'indépendance et adhère sans réserve à la Communauté franco-africaine sur des bases loyales et sincères, humaines, égalitaires et fraternelles. Elle se déclare en faveur d'une consolidation de l'autonomie interne du Sénégal, dit être favorable à l’unité africaine, à la restauration des libertés démocratiques, au rétablissement de la légalité républicaine, à I ‘unité d'action de tous pour que l'Afrique et le Sénégal puissent entrer dans l'ère de l'émancipation et du bonheur.

Maitre Omar Diop, secrétaire général du PSS, répond aux « détracteurs » de son parti en proclamant solennellement et de manière univoque que le PSS est pour « I ‘émancipation sénégalaise sans être effrayé par la position des énergumènes sans dignité et sans aveu qui réclament l’indépendance immédiate sans oser y aller dans les actes ». II affirme que tout peuple aspire à l'indépendance et « condamne sans regret et sans retour le régime colonial qui a été un régime inhumain et injuste ». II analyse aussi les résultats des élections du 22 mars 1959. On note dans ce rapport plusieurs accusations de fraude, d'irrégularités et autres délits contre PUPS : des bureaux de vote sont ouverts à cinq heures du matin et fermés avant midi dans la région de Saint-Louis ; à Podor, l'adjoint au commandant de cercle est pointé du doigt pour avoir falsifié les procès-verbaux qu’il a centralisés à Aéré avant de les acheminer à la résidence du commandant ; dans le cercle de Louga, le responsable et candidat UPS «n'a pas hésité à pénétrer dans plusieurs bureaux de vote de l'escale de Louga et de la subdivision, pour ramasser tous les bulletins PSS et les brûler au vu et au su de tout le monde ». D'autres Irrégularités sont signalées dans certaines circonscriptions : par arrêté du 21 mars 1959, c'est-à-dire un jour avant le scrutin, plusieurs bureaux de vote sont supprimés et transférés ; la conséquence d'une telle mesure est que les électeurs, déboussolés, ont été dans I ‘incapacité de pouvoir retrouver leurs bureaux de vote. Dans le cercle de Podor où, selon le rapporteur, le PSS était majoritaire, le bureau de Ngouye est supprimé. Dans la subdivision de Mbour, les bureaux de Thiadiaye-dispensaire et de Diass sont supprimés ; à Kaolack, Bakel, Rufisque, les bureaux de I'immeuble Sy Papa Malick, Galladé et Sébikotane subissent le même sort que les autres. C'est pourquoi le PSS est convaincu que l'UPS, parti « minoritaire », a gagné ces élections par «la fraude et le chantage ». Par conséquent, c'est par des « élections préfabriquées » qu’il s'est maintenu au pouvoir.

Dans la Résolution sur l'orientation politique du part, nous retenons deux dispositions : « le Congrès à I ’unanimité des délégations présentes, décide de contacter les leaders du RDA pour l'appartenance du PSS au mouvement RDA. Ensuite le PSS confirme sa volonté de demeurer au sein de la Communauté égalitaire et fraternelle, sans renoncer à l’indépendance. Le congrès reconduit Cheikh Tidiane Sy comme président, Ibrahima Seydou Ndaw comme directeur politique, Omar Diop comme secrétaire général, Abdoul Aziz Sy comme trésorier pour ne citer que ceux-là.

Structure du Parti de la solidarité sénégalaise. (PSS) Comité directeur

Directeur politique : Ibrahima Seydou Ndaw

DP. Adjoint : El Hadj Assane Sarr, Inspecteur des Contributions à la retraite

Secrétaire du comité : Diouf Ismaila, Commis des SAEF

Présidents de la Commission des conflits : El Hadj Babacar Niasse dit Serigne Mbaye Niasse

Bureau politique

Directeur politique : Ibrahima Seydou Ndaw, Maire de Kaolack

Président: Cheikh Ahmed Tidiane Sy, chef religieux.

Secrétaire général : Omar Diop, Avocat-Défenseur

Adjoints : Tall Maury, Instituteur Mohamedou Moustapha Seck Avocat Défenseur; Fall Ibrahima Instituteur

Secrétaire Administratif: Ndiaye Babacar Contrôleur des PTT

Adjoint : El Hadj Souleymane Kane, Comptable

Secrétaire aux Relations Extérieures. : Charles Graziani, industriel; Wade Amadou Moustapha, licencié en droit ; Mané Babacar, agriculteur

Secrétaire à l'Organisation : Ndiaye Abdoul Bayla, agent d'Affaires

Adjoints : Bitèye Ibrahima instituteur Wane Yaya

Secrétaire à la Jeunesse: : Assane Mbengue, Direct. Adm. Ecole privée

Adjoint: Cheikh Sadibou Diop, Commis SAEF

Secrétaire à la Presse : Camara Boubacar, Chef comptable

Trésorier général : Sy Abdoul Aziz Sy, fils de Marabout

Adjoint : El Hadj Ndaw Oumar :

Membres du Comité directeur

Dakar : El Hadj Assane Diop, Idrissa Ndiaye

Thiès : Ndiaye El Hadj Malick, Dièye Bicry

Kaolack: Ba Babacar, Bès Gilbert

Saint-Louis : El Hadj Madior Cissé Tidiane Diop

Podor : Niang Daouda

Matam : Ndiaye Abdoulaye Yérim

Tamba : Diallo Moussa

Kédougou: Sidibé Youssouph

Bakel : Ndiaye Vaoundé

Diourbel : Abou Sarr Lala, Ciré Dieng

Louga: El Hadj Amadou Moctar Ndiaye, Serigne Assane Ndiaye

Linguère : Ali Saleh

Ziguinchor: Daouda Seydi, Cheikh Mané.

Source: Solidarité. Organe du PSS n° 2, lundi 1er juin 1959.

 

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Last modified on jeudi, 18 janvier 2024 20:53
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