L’EXECUTEUR TESTAMENTAIRE
Dakar, le 24/Janvier/1994
SENGHOR déclare à la suite d’une crise de ‘’rage’’ : « J’établirai ici même, avant de partir, des courants irréversibles ». J’ai ri et pour être conséquent avec moi-même, j’ai cru bon d’émettre un avis: « On ne peut pas avoir, dans ce domaine précis, les mêmes armes que Staline… Bien qu’il ait sacrifié des dizaines de millions d’âmes, son corps n’en a pas moins été déterré après sa mort ».
J’ai raconté la scène à un responsable qui affirme: « Il y a des successeurs qui n’ont même pas la capacité d’ajouter quoi que ce soit à ce qu’ont déjà laissé derrière eux leurs prédécesseurs. Et dans un délai tout proche, pour ne pas trahir ce testament de SENGHOR, la même situation risque de se répéter. Il faut donc s’y préparer avant qu’il ne soit trop tard ». Je lui ai alors fait comprendre que, faute de combattants, une telle entreprise est presque perdue d’avance, car il n’y a actuellement que des ombres et des fantômes à affronter. Vous l’avez dit vous-même: « Il existe des gens qui, parce qu’usurpateurs, n’ont rien d’autre à faire que d’imiter ».
J’ai rencontré, un jour, mon cousin André GUILLABERT qui m’a confié: « Je suis triste, mais j’ignore totalement ce qui suscite en moi ce sentiment de tristesse. »
« Parce que justement, mon cher cousin, il y a une crise de style qui prévaut depuis le départ de SENGHOR ».
D’ailleurs, j’ai souvent parlé à SENGHOR de ce représente l’humilité chez les disciples du Christ. Même étant politicien, il y a des choses à respecter.
Je lui ai toujours rappelé ce dont les Sénégalais sont capables: Inciter les Chefs à fonder leur pouvoir sur des bases totalement fausses (scrutin falsifié, élections drôlement meurtrières.)
Blaise DIAGNE disait à Seydi Ababacar SY : « Avoir des ennemis est moins contraignant que de ‘’collecter’’ des amis.…Serigne bi, je peux me ‘’réjouir’’ d’avoir trois sortes d’ennemis aussi dangereux les uns que les autres; mes propres partisans qui ne savent pas encore se comporter correctement; mes adversaires qui ont l’habitude de me combattre avec une déloyauté inouïe; et ceux là même qui se disent arbitres et qui, réellement, ne font que diviser pour anéantir: les Coloniaux! »
Dieu révèle dans le Coran: « Les complices se disent toujours solidaires les uns des autres alors que, face à leurs convoitises, ils se d détruisent de la façon la plus digne… » Et Il continue: « J’ai Ma Manière d’opposer les énergies les unes aux autres afin que la Vérité, elle, reste intacte! »
Abraham, lui, dit aussitôt: « - Ne fais pas de moi le bras armé de Ta Vengeance », « - Ce sera pour les siècles à venir… » répond-il à Abraham. Et un disciple de Mahomet de dire: « Fais de moi l’épée tranchante d’un Combat de Justice… »
Et dans cet ordre d’idées, j’ai parlé de Césaire, considéré comme un grand poète du Monde Noir Francophone: « Son péché, c’est de ne pas être un chef d’État… alors que nous vivons sur un continent où ce titre permet d’acheter les consciences, afin de préserver ce qu’on peut appeler aujourd’hui avec le comique que l’on sait, une Image de Marque ». Bien sûr, cela ne se fait qu’au détriment des peuples.
Mais Césaire, en tant qu’Homme de Culture, n’a-t-il pas choisi une voie honorable.
Cheikh A. Tidiane SY