Le 02 Février 1994
DEVALUATION : DEMARCHE PUREMENT POLITICIENNE
Le Coran nous apprend qu’une monnaie peut se transformer en pouvoir plus redoutable entre les mains des gens aisés...
Le deuxième Calife de l’Islam tenait pourtant à faire accepter un principe d’échange un peu plus commode que le troc...
Serigne Alioune dit : « Il ne s’agit pas ici d’un réquisitoire, mais d’une mise en garde ». Elle est sévère cette mise en garde, lui disais-je... Ce passage du Coran voulait nous rappeler qu’une civilisation n’est digne que quand elle place l’Ame, qui est en contact direct avec un Monde Incorruptible, au-dessus des Vertus bien que celles-ci soient considérées comme l’élément moteur permettant à l’Humanité d’être réellement humaine.
Et il y a des avoirs matériels qui, à leur tour, ne demandent qu’à se mettre au service des Vertus, afin que la Hiérarchie soit respectée.
Ame plus Vertus plus Avoirs Matériels égalent Civilisation !
Seul un souci de commodité avait inspiré le Compagnon du Prophète (PSL) et non une quelconque recherche de profit... Et depuis, les choses vont dans un sens ou dans l’autre, jusqu’à ce que l’Occident prenne à son tour les leviers de commande.
Avec l’Occident, l’Humanité Noire a connu mille manières de vivre sa vie de tous les jours : la Barbarie, l’Esclavage, la Colonisation et, pour couronner tout cela, l’Impérialisme... C’est à dire le règne de la Cupidité et de la Duplicité.
OMAR affirme : « La race humaine a été conçue dans la Liberté et je dirais même plus, dans un élan d’Amour... »
Pourquoi transformer cette liberté et cet élan d’amour en monnaie de singe ? Nous avons entendu dire, chez le Prophète (PSL) que trois choses tendent à faire chuter verticalement les grandes civilisations : une jeunesse sans créativité, une fortune mal gérée et une cupidité scientifiquement organisée...
Un jour, les autorités coloniales, ont fait appel à EL HADJ MALICK SY en vue d’amener les cultivateurs à se comporter comme des épargnants modèles.
EL HADJ MALICK SY répond : « Attendons d’abord qu’ils soient maîtres de leurs récoltes avant de leur dicter une telle conduite ».
Cela signifie que, dans ce cas précis, la dévaluation est plus acte politique que décision économique et qu’il est nécessaire d’exister en tant qu’individu avant de revendiquer son appartenance à un ensemble monétaire plus ou moins viable.
Quoi de plus injuste que de punir ceux qui n’ont pas emprunté pour procurer la Paix à ceux qui ont déjà tout pris ?
D’ailleurs j’ai souvent fait remarquer au cours de mes entretiens avec certains Chefs Africains que le serpent de mer, même accueilli momentanément par la foret finira par retrouver toujours les profondeurs océaniques accompagné bien-sur de ses dragons et de ses fétiches...
C’est le cas de la monnaie ; elle n’est là chez les Primaires, que pour un temps déterminé, aussitôt après, c’est le grand Retour à la Métropole avec gains et avantages.
Même ceux qui, parmi les Hauts Fonctionnaires Autochtones, n’ont d’autres moyens que de voler, sont obligés de faire rapatrier leur butin vers ce Paradis des blancs...
Et il y a que la Pudeur refuse d’exiger à la majorité des Hommes de mourir un peu pour permettre à une poignée de « Responsables » de vivre plus que grassement.
Ne vaudrait-il donc pas mieux commencer par le commencement : Faire revenir les Milliards qui dorment dans les Banques étrangères comme l’avait suggéré à SENGHOR un ancien Président des Français ?
Nest-il pas bon de méditer un peu sur cette Prophétie de NASSER: « C’est le troc que la réalité contemporaine nous propose. Dites à votre Président de m’envoyer ses arachides. Je lui ferai parvenir alors les produits égyptiens dont il aura besoin. Il paraît que vous importez les oignons à prix d’or. Il faut reconnaître une chose : les parités entre Pays pauvres et Pays suffisamment riches ne sont réellement pas fixées sur une base équitable... »
SENGHOR réfléchit un instant pour dire : « Si on le fait, on nous réclamera des comptes... On a tellement signé de papiers ! »
Serigne Cheikh Ahmed T. SY